| Lot n° 3467 PIERRE LOTI L"ECRIVAIN ET MILITAIRE DURANT LA PRISE DE HUE EN AOUT 1883. Env. en FM (p.d.) adressée en France avec le c.à.d octogonal "CORR. D"ARMEES * HAI-PHONG * 17/8/83 (premier type rare de ce c.à.d avec fleuron) + le cachet noir orné d"une ancre "MARINE & COLONIES * SERVICE A LA MER" + la mention manuscrite "Corps Expéditionnaire du Tonkin". PIERRE LOTI de son vrai nom JULIEN VIAUD mena de front sa carrière militaire et sa carrière d"écrivain. Son surnom Loti lui a été donné par la Reine Pomaré de Tahiti (Loti est le nom du laurier rose en tahitien). Tenu à une obligation de réserve du fait qu"il était militaire, il écrivit sous le nom de Loti. Il sera reçu à l"Académie Française en 1892. Cette lettre a été écrite le 14 Août 1883 de la Baie d"Halong (Ha-long) juste avant la prise de Hué. Pierre Loti à cette époque est lieutenant de vaisseau à bord de la corvette cuirassée "Atalante". Jules Ferry confia au Contre Amiral Courbet les deux Divisions Navales de Saïgon et de Yokohama pour coloniser l"Annam et le Tonkin. La Franchise postale fut accordée par décret au Corps Expéditionnaire du Tonkin le 16/6/83. Courbet et sa flotte arrivèrent le 18/8/83 devant le fort de Thuân-an qui défendait l"accès au port de Hué. La ville fut bombardée et le 25 août 1883 l"Empereur d"Annam est contraint de signer le traité de Hué donnant le Tonkin à la France et plaçant l"Annam sous le protectorat français. TEXTE DE QUATRE PAGES TRES INTERESSANTES où dans le dernier paragraphe LOTI ESPERE POUVOIR PILLER HUE "... nous partons demain pour aller essayer de prendre Hué, la capitale du Tonkin, qui est à deux jours d"ici. Ce sera amusant je pense, surtout si on peut faire un peu de pillage après, et choisir les bibelots dans le tas...". Dans la première partie du texte, il parle de sa santé "... De pauvres gens meurent de fièvres d"insolations. Moi-mëme j"ai été à deux pas de la mort, avec une insolation très grave. J"ai passé quelques instants très solennels en tëte à tëte avec ce personnage, l"intelligence absolument lucide, voyant l"affairement des médecins, sentant une angoisse physique inexplicable, les bras déjà raidis, les mains crispées insensibles. On me couvrait de brûlures que je ne sentais plus. je songeais à tous ceux que j"aime, et j"ai pensé à vous. Cela a passé ; une semaine de fatigue intense a suivi cette secousse, je ne pouvais plus voir la lumière, ni me tenir debout, j"étais dans un état moral très particulier, revenu petit enfant, j"avais le mal du pays, de ma mère, de certains petits recoins des bois de la Limoise que je revoyais avec une lucidité étrange. C"est fini, j"ai repris mon service, il n"y parait plus rien. Nous sommes depuis dix jours à nous préparer à l"expédition décisive, dans une baie appelée "Ha-long" (Baie d"Halong), absolument inhabitée, entourée de centaines de menhirs naturels d"une hauteur étonnante, plantés autour de nous comme des flèches d"église. Sous un ciel toujours sombre, sous des pluies de déluge. Le tonnerre tout le jour et une chaleur accablante : une espèce de Bretagne agrandie, surchauffée, fantastique. Nous allons grimper dans ces rochers le soir, il y a de belles verdures, de grandes fleurs odorantes accrochées aux parois verticales et des papillons d"une beauté invraisemblable, et des bandes de singes qui fuient devant nous dans les branches en se retournant pour nous faire des grimaces...". TRES RARE LETTRE INTERESSANTE A TROIS POINTS DE VUE : PAR SON OBLITERATION RARE, PAR UNE PAGE HISTORIQUE SUR LA PRISE DE HUE, et PAR UN TEXTE ECRIT PAR UN ECRIVAIN CELEBRE. Pour ma part je ne voyais pas Pierre Loti en PILLEUR DE CITE. B/TB
|